• Dans 'Adepte', jeu présenté par Timothée Hessel et Mathilde Yernaux lors de cette 7ème Édition du SLJA, le joueur à pour objectif d’établir sa religion comme étant the religion. Chacun débute avec un dieu, que l’on pourra s’amuser à considérer comme le chef de notre panthéon, puis devra ensuite développer sa religion en allant prêcher auprès des non convaincus, en progressant selon trois axes sur un plateau des plus agréable à l’oeil, ou encore en construisant des bâtiments, en ajoutant d’autres dieux et demi-dieux à son panthéon, en utilisant leurs pouvoir ou en construisant des temples à leurs effigies. En bref, la vie de nos adeptes ne sera pas de tout repos, et cela dans le but ultime de devenir la plus grande religion du monde.

    Sur le papier, le pitch était des plus enthousiasmant. Seulement voilà, la partie se lance, et l’on découvre la mécanique de conversion des adeptes : un jet de dé, une chance sur six d’y parvenir, et c’est tout. Notre seule choix consiste à décider le nombre de tentatives que l’on fera chaque tour, tout en sachant que les chances de réussites sont faible. On aimerais par exemple pouvoir choisir entre nombre de tentatives et chances de réussite.

    Après les premiers tours, on se rend compte que ce problème est plus large : les choix qui nous sont proposés par le jeu ne sont pas véritablement des choix. En effet, on peut 'choisir' la façon dont nous utilisons nos adeptes chaque tours, avec un nombre maximal (2 au départ) déterminé par la position d’un de nos pion sur le plateau central. Seulement, il est impossible d’avancer dans le jeu sans piocher, donc la moitié de nos actions sont d’hors et déjà fixées. On a alors le choix d’utiliser notre deuxième action pour tenter de convertir (mécanique évoquée plus tôt) ou bien pour utiliser le pouvoir de notre dieu ou construire son temple. Seulement, ces deux dernières actions demandent plus d’adeptes que l’on en possède initialement : le choix n’existe pas, il nous faut d’autres adeptes. Et lorsque l’on pioche, c’est pareil : en dehors de quelques rares cas de cartes déséquilibrées, les effets des cartes ne sont pas intéressant, du moins au début, au regard de l’investissement en adepte qu’elles demandent. Il est donc quasi systématiquement plus intéressant de s’en débarrasser afin d’avancer sur le plateau central.

    En d’autres termes, les décisions des premiers tours de jeu sont prescrites par les mécaniques du jeu même. Et selon les résultats de nos lancers et nos pioche, cette phase de non-choix peut être très longue. Trop longue.

    On retrouve alors le cas du monopoly, ou la décision optimale est d’acheter systématiquement, faisant reposer l’entièreté des premiers tours de jeu sur de l’aléatoire. Mais dans Adepte, on ne manipule pas de billet, et l’on ne se sent pas véritablement en concurrence avec les autres, rendant l’absence de choix encore plus saillante, et l’omniprésence de l’aléatoire plutôt ennuyeuse que frustrante ou excitante.

    Passé cette phase initiale, la réserve d’adepte va s’épuiser. Ca y est, toutes les propriétés sont vendues, c’est l’heure de négocier. Seulement, pas de mécanisme d’échanges entre les joueurs, pas d’autres interaction que de se voler des adeptes. Le tout cumulé à un mécanisme de pioche qui n’accélère pas et qui commence à paraître très lent au vu du nombre d’actions désormais possible chaque tour. D’autant plus que les actions reposent sur le fait d’avoir des cartes, ce qui nécessite de piocher ou de ne pas avoir précédemment avancé sur le plateau central (donc moins d’actions) : bref, un cercle vicieux qui donne au joueur l’impression de s’enliser et finalement de n’avoir que très peu d’impact sur le déroulement de sa partie.

    Alors que faire ? Il semble primordiale d’axer les changements à venir vers le fait d’offrir des choix plus pertinents au joueur, de le confronter à de véritables dilemmes, mais aussi d’accélérer le rythme de jeu, d’équilibrer les cartes entre elles et de créer des mécanismes d’interactions.

    Comment ? Peut être pourrait on éviter de créer des cartes aux effets strictement similaire mais à la force variable. Peut être pourrions nous distribuer tous les adeptes dès le départ. Peut être pourrait on assouplir les règles de répartition des adeptes lors de chaque tour. Peut être, aussi, pourrait-on séparer la progression des pions centraux de la pioche, et y ajouter un mécanisme en lien avec les adeptes et les actions du tour.

    Et alors peut être, enfin, aurons nous alors le sentiment d’avoir construit de nos propres mains la plus grande religion du monde.

    « L’aléatoire, ça gâche tout » — T. Hessel. 

    Merci d’avoir lu.
    B. Stoffel.


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